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Don Camillo, le film culte fête ses 70 ans



🎬La simple évocation des noms Don Camillo ou Peppone suffisent à nous rappeler des scènes cultes de cette saga cinématographique franco-italienne, du crucifix parlant à Fernandel aux bagarres à grands coups de poings, en passant par la grande cloche de l’église qui chute, Don Camillo chevauchant sa bicyclette ou Peppone haranguant la foule…




✝Don Camillo, une histoire vraie


Ce que peu de gens savent c’est que le personnage créé par Giovannino Guareschi est issu d'un personnage bien réel appelé Don Camillo Valota, un prêtre italien ordonné en 1937 à Côme, près de Milan.

Il devint ensuite le curé de Frontale, dans la Valteline (nord de l’Italie), où il eut des démêlés avec le maire, nommé Peppone. Il finit par être arrêté par les Allemands en 1942 pour avoir facilité le passage vers la Suisse voisine à de nombreux juifs et opposants au fascisme de Mussolini. Il a été transféré de la prison de Milan au camp de concentration de Fossoli, dans la province de Modena, et ensuite, avec d’autres prêtres, à celui de Mauthausen et de Dachau, où il rencontra le journaliste-écrivain Giovanni Guareschi antifasciste, originaire de la même région que lui.

C'est là qu'il narra à Guareschi de nombreux épisodes de sa vie de curé d’un village de montagne. Il y jouait notamment les contrebandiers en faisant passer des victuailles suspendues sous sa soutane.

Les récits firent forte impression à l'auteur qui en écrivit une nouvelle humoristique le 23 décembre 1946 dans l’hebdomadaire milanais « Candido », avant d'en faire d'autres à la suite de l'engouement suscité. Don Camillo ressortit vivant des camps, et préféra accompagner vers la France sa communauté italienne qui y émigrait pour survivre. Il s'est ainsi retrouvé prêtre au diocèse d'Autun, officiant à Montceau-les-Mines et au Creusot.

Il s'occupait beaucoup de la communauté italienne sur place et veillait à conserver un accent italien très prononcé. Il devint également correspondant du Consulat Général d’Italie de Lyon, pour les démarches et les documents de ses concitoyens.

Il retourna à Bormio en 1988, où il devint aumônier d'une maison de retraite. Don Camillo disait souvent : « Mon corps est en Italie, mais mon cœur est en France ».

Don Camillo est mort le 2 novembre 1998, dans sa ville natale de Bormio, où il est enterré.


Le roman


Don Camillo est un film de 1952, mais sa genèse est littéraire. Derrière l'histoire de la rivalité affectueuse entre le curé et le communiste Peppone, il y a en fait le "Petit Monde de Don Camillo" de l'humoriste, écrivain, journaliste et dessinateur Giovannino Guareschi.

Le texte est sorti à l'origine sous la forme d'un recueil de nouvelles entre 1946 et 1947, mais ce n'est que l'année suivante soit en 1948 qu'il a été publié sous forme de roman.

Giovannino Guareschi, militant anti-communiste, entendait tourner en dérision la situation politique de son pays et le poids du Parti communiste italien.



L’auteur sur le plateau


Guareschi était très intéressé par la transposition de son travail, à tel point qu'il fréquentait constamment le plateau pour s'assurer de la qualité du film. En 1951, l'auteur s'installa même dans la maison du curé Don Alberici pour pouvoir assister tous les jours au tournage du film…


La place du village de nos jours, le Caffè Don Camillo



Le village de Brescello, élément indissociable du film


Le cadre des aventures de Don Camillo et Peppone est la ville de Brescello, au nord de l’Italie dans la plaine du Pô dans la région d’Emilie-Romagne, tandis que dans le roman de Guareschi le décor y est imaginaire.


Statue de Don Camillo devant l'église


Statue de Peppone de l'autre côté de la place


Ce village particulier a été choisi par le réalisateur Julien Duvivier car il reproduit parfaitement l'un des éléments centraux du livre, à savoir la place principale dominée à la fois par l'église et la mairie.

Bon nombre des accessoires les plus importants sont encore visibles, comme le char américain et le célèbre vélo de Don Camillo.


🎬Les anecdotes


L'église


La cloche de l'église tombée sur Peppone


La même cloche aujourd'hui visible aux visiteurs


🙏L’église de Brescello

Contrairement aux scènes extérieures, celles à l’intérieur de l'église ne furent pas tournées à Brescello et ont été reconstituées au sein des studios de Cinecittà à Rome.


Don Camillo et le crucifix de son église


✝Le crucifix


Le célèbre crucifix parlant régulièrement avec Don Camillo a été offert à la paroisse à la fin du tournage. Ainsi vous pourrez le voir en vous rendant sur place car il est conservé depuis dans l'église de Brescello. Sculpté par Emilio Bianchini sur un projet du scénographe Bruno Avesani, le crucifix avait cinq faces en bois interchangeables différentes pour changer l'expression du Christ dans les différentes scènes du film…


Les directeurs de tournage


🎞Trouver un réalisateur prêt à tourner Don Camillo n'a pas été une tâche facile. En effet à l'époque la rivalité entre les démocrates-chrétiens et le parti communiste italien faisait l'objet d'un conflit politique très vif, à tel point que des auteurs tels que Mario Camerini, Vittorio De Sica, Luigi Zampa et Renato Castellani refuseront le poste.


Orson Welles


Une voix connue


Dans la version anglaise de Don Camillo la voix narrative du film était celle d’un acteur alors connu dans le monde entier, l’acteur Orson Welles. Il fut également réalisateur, producteur et scénariste, mais également metteur en scène de théâtre, dessinateur, écrivain et illusionniste.



Peppone, joué par Gino Cervi, personnage incontournable


Qui dit Don Camillo dit bien sûr Giuseppe Bottazzi, ou plutôt Peppone, le Maire communiste de Brescello.


Très à l'aise avec les langues, Gino Cervi joue sur les planches des œuvres théâtrales classiques (Beckett ou Edmond Rostand) et double ses "collègues" américains pour leurs versions italiennes.

S'il incarne Jean Valjean dans une adaptation des Misérables en 1948, l'acteur aquiert sa popularité avec le personnage de Peppone, maire communiste de la ville de Brescello, à qui Don Camillo donne du fil à retordre.


Carte postale reprenant des scènes de films



Du roman au cinéma


Le grand succès des nouvelles inspira à partir de 1951 une adaptation au cinéma, véritable saga qui débuta avec Le petit monde de Don Camillo, coproduction italo-française sortie dans les salles en 1952.


Puis 4 autres films consacrés aux aventures des deux meilleurs ennemis de Brescello virent le jour. C’est ainsi que Duvivier tourna Le retour de Don Camillo en 1953, à la suite de quoi Carmine Gallone reprit le flambeau et mit en scène La grande bagarre de Don Camillo en 1955 et Don Camillo Monseigneur en 1961. Finalement, c'est Luigi Comencini qui réalisera Don Camillo en Russie en 1965.


Un sixième film, Don Camillo et les jeunes d’aujourd’hui, devait être tourné en 1970. Mais on découvrit que Fernandel souffrait d'un cancer en phase terminale, ce qui empêcha l'acteur de terminer le tournage. La troupe et notamment Gino Cervi refusa de terminer le travail sans l'irremplaçable Don Camillo, ainsi le film restant incomplet ne vit jamais le jour…



En 1983, l’acteur italien Mario Girotti, plus connu sous le mon de Terence Hill (et oui saviez-vous qu’il n’était pas américain ?), réalise un remake de Don Camillo dans lequel il interprète le personnage principal. Le film sortit en salle en 1984 sous le titre de Don Camillo.


Pour la petite histoire, Gino Cervi devait initialement incarner Don Camillo et Guareschi lui-même tenir le rôle de Peppone le Maire de Brescello. Mais le metteur en scène Julien Duvivier, mécontent de cette distribution, fit tout pour dissuader Guareschi qui renonça finalement à intégrer le projet.

Duvivier proposa ensuite le rôle du prêtre à Jacques Morel mais celui-ci ne pouvait se rendre disponible face aux dates prévues du tournage. C’est ainsi que Gino Cervi assuma finalement le rôle de Peppone, tandis que Fernandel était appelé pour prendre la vedette du film…

Ayant peur d'être cantonné aux rôles d'ecclésiastiques, Fernandel demanda à l’époque un cachet tel qu'il pensait que le producteur refuserait, mais son exigence fut finalement satisfaite.



Fernandel et Gino Cervi sympathisèrent durant le tournage et la saga doit beaucoup à leur complicité toujours maintenue. Outre les 5 films Don Camillo, ils jouèrent ensemble dans Le Grand Chef en 1959 et dans Le Bon Roi Dagobert en 1963 où Fernandel joua le roi et Cervi, Saint-Eloi, inversant ainsi leurs rôles.



Don Camillo préparant sa vengeance


Malgré son peu de ressemblance physique avec le personnage littéraire, le Don Camillo de Guareschi étant censé être un colosse, Fernandel est définitivement attaché dans l'esprit du public français à l'image de Don Camillo, célèbre prêtre de Brescello ce petit village du nord de l’Italie…


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