
L’artiste de rue JR a dévoilé une nouvelle œuvre à Florence, offrant à la ville une réouverture insolite du Palazzo Strozzi, façon street art, alors que les musées italiens sont fermés à cause de la pandémie.
En effet ce palais iconique de Florence datant de la Renaissance s’est réveillé le 19 mars dernier avec une brèche monumentale creusée dans sa façade. Un trou béant de 28 mètres de hauteur et 33 mètres de largeur, en trompe-l’œil noir et blanc…
L’auteur de cette Ferita (blessure en français) est l’œuvre de l’artiste de rue français JR, alias Jean René.

L’installation, réalisée par un collage photographique construit de telle manière à offrir une illusion d’optique, ne s’arrête pas là. En effet à l’intérieur on y aperçoit une colonnade, qui est celle de la bibliothèque de l’Institut national des études sur la Renaissance, ainsi qu’une salle d’exposition.
Au premier étage, l’on peut apercevoir le salon d’un musée qui regroupe les chefs-d ’œuvre parmi les plus connus de Florence tels que La Naissance de Vénus (La nascita di Venere) de Botticelli, qui est conservé à la Galerie des Offices, ou L’enlèvement des Sabines (Il ratto delle Sabine) de Giambologna, sculpture présente dans la Loggia dei Lanzi, piazza della Signoria.
A l’heure où les musées sont fermés du fait de la pandémie, JR a souhaité offrir une réflexion sur l’accès aux lieux de la culture à l’épreuve du Covid, la rendre accessible à sa manière, directement dans la rue pour parler au plus grand nombre de spectateurs possible.
Plus qu’une « Blessure », JR diffuse ainsi un message d’espoir en attendant la « vraie réouverture » des musées…
L’œuvre éphémère, est visible jusqu’au 22 août.

"Personne ne peut être inspiré par la quarantaine"
"C'est un message qui arrive à un moment où nous avons besoin d'une ouverture des musées", a déclaré JR à l'AFP ce vendredi 19 mars lors du dévoilement de l'œuvre, ajoutant que l'art de rue pouvait apporter un certain soulagement avant "la vraie réouverture des musées".

Connu pour ses réalisations sur l'espace public, JR a notamment exposé des portraits géants de Palestiniens et d'Israéliens sur le mur de Gaza et s'est aussi rendu célèbre pour ses collages photographiques géants déployés dans les favelas de Rio, à Shanghai, à New York, au Népal ou à la frontière du Mexique et des Etats-Unis. Les restrictions strictes imposées dans une grande partie du monde depuis un an n'ont pas sapé la créativité de celui qui débuta comme graffeur à Paris, même s'il reconnaît que "personne ne peut être inspiré par la quarantaine, c'est certain".
"Une contrainte pousse à réfléchir"
"Une contrainte est positive pour un artiste dans la mesure où elle pousse à réfléchir, à inventer et à repenser, et si ce n'est pas le rôle de l'artiste, alors qu'est-ce que c'est ?", a-t-il déclaré, ajoutant qu'il considère la pandémie comme "un défi supplémentaire". Avec sa dernière œuvre, commandée par la Fondation Palazzo Strozzi, et qui sera donc exposée jusqu'au 22 août 2021, il espère "impliquer les gens dans le processus de création". "Dans un moment où l'accès à la culture est impossible, il était de notre devoir d'aller dans les rues, sur les places, pour amener la culture en dehors du musée parce que le musée est fermé", a déclaré le Directeur Général de la Fondation, Arturo Galansino.
Il a ainsi mis en garde contre la "blessure sociale" infligée aux personnes privées de culture en raison de la crise sanitaire…
Piazza degli Strozzi, 50123 Firenze FI, Italie