
Je n’avais pas 20 ans lorsque j’ai rencontré Monsieur Gianni Agnelli, je m’en souviens comme si c’était hier.
Je travaillais pour la saison d’été dans un palace sur les bords du Lac Léman. Ce matin-là l’on m’avait demandé de venir plus tôt afin de prêter main-forte à la préparation et au service en chambre des petits déjeuners. J’avais déjà servi plusieurs clients lorsqu’on me transmit la commande, le nom figurant sur la fiche était celui de Monsieur Agnelli.
Sa suite se situait tout au fond d’un long couloir dans lequel je m’enfonçais lorsque j’aperçu au loin une silhouette, la sienne.
Plus je m’approchais et plus je le trouvais grand, il me paraissait immense, en tout cas c’est le souvenir que j’en ai. Face à lui je découvris son visage au teint mat et buriné et ce regard, si captivant. Je ne me souviens pas de sa mise, bien qu’il fût un des hommes les plus élégants de son époque, mais d’une posture lui donnant si fière allure qu’autour de lui tout le reste paraissait éteint.
La porte de sa suite était restée entrouverte, il m’indiqua que je pouvais entrer pour déposer les plateaux des petits-déjeuners.
Les deux jours qui suivirent j’eu l’occasion d’apporter à nouveau les petits-déjeuners en chambre à Monsieur Agnelli, me permettant de partager quelques minutes de l’intimité de celui dont on dit aujourd’hui qu’il était sans doute le dernier vrai Roi d’Italie…
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